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Mission Vénus

  • Photo du rédacteur: Agathe Richard
    Agathe Richard
  • 7 mars 2018
  • 3 min de lecture

Des censures de Facebook – on pense notamment à la Vénus de Wallendorf - en passant par le slogan #HereWeAre de Twitter, la question féminine semble prise au piège du numérique, des algorithmes et des hashtags. Et à la question « qui suis-je » s’est substituée la question « où suis-je ». Vénus, cette « gardienne du feu », n’est pas qu’une œuvre d’art. Elle incarne un corps et véhicule un nouveau contrat social : celui de la place de la femme dans l’espace public. Comme le disait déjà Michel Foucault à ses étudiants de Berkley en 1983 : « Pourquoi une lampe ou une maison sont-ils des objets d’art, et non pas notre vie ? »



Et le philosophe de plaider pour une esthétique de l’existence selon laquelle la principale œuvre d’art dont il faut se soucier c’est soi-même, sa propre vie, son existence. Que peuvent les algorithmes sur notre sensibilité, notre raison et notre volonté ? Selon un article de La Tribune publié le 18 janvier, les carrières précaires touchent deux fois plus les femmes que les hommes. D’ailleurs qu'en est-il dans le monde de la culture ? Pour comprendre ce matérialisme numérique, il faut revenir au texte fondateur de l’informatique : Computing Machinery Intelligence d’Alan Turing. En effet la machine de Turing n’est pas un jeu de stratégie, ce n’est pas un jeu d’échecs, ce n’est pas un jeu de calcul, c’est un jeu social. Alors qu’Alan Turing avait instauré l’imitation sociale dans les fondements même de l’informatique, la culture de l’utopie, déterminante dans l’histoire d’Internet, implique de se déplacer, de faire exemple ailleurs. En cela le numérique et les réseaux sociaux, parfois considérés à tort ou à raison comme des non-lieux, peuvent redéfinir à leur tour l’espace public.


Quels sont en effet le sens, la valeur et la force de nos affections numériques ? Narcissisme exacerbé, inquiétant repli communautaire, aliénation technologique ou bien au contraire l’occasion inespérée de reconquérir ensemble l’espace public ?

Anne Dalsuet


La veille de la Journée de la femme, alors que Twitter profite de la cérémonie des Oscars pour faire sa promotion et se réapproprier le mouvement féministe, on peut se demander où est passée notre humble et pourtant célèbre Vénus du paléolithique. #HereWeAre ?! Et bien allons voir là-bas si j’y suis. Et pour ceux qui souhaiteraient écouter le podacst de France Inter, c’est par ici : Comment Twitter s’approprie le féminisme.


Cette pub dont je vous parlais, elle est d’un opportunisme assez débectant, mais elle dit aussi que, profondément, un nouveau média c’est un monde qui change. C’est pas Gutenberg qui dirait le contraire.

Sonia Devillers


La culture numérique est à la fois une culture assise et une culture mobile, elle s’accompagne d’une hybridation des objets et de l’espace. Si on a beaucoup insisté pendant un temps sur la dimension temporelle du numérique – accélération, flux, instantanéité – la dimension spatiale semble de plus en plus importante. En effet, pour reprendre Milad Doueihi : « L’humain est, par nécessité, un architecte. On ne peut exister dans l’espace sans le modifier ». On trouve d’ailleurs tout un vocabulaire relevant de la construction architecturale qui est associé à l’informatique : home, niveaux, fil d’Ariane...


Bref, de Facebook à Twitter ou de Harvard à San Francisco, ce qui compte finalement, c’est de prendre son temps. Prendre le temps de regarder « The Social Network » par exemple. En se disant que Mark Zuckerberg et ses camarades ont un peu grandi. Ouf !



 
 
 

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